Permis de conduire : plus tôt, moins cher, moins long

Âge légal d’obtention du permis abaissé à 17 ans pour les jeunes en conduite accompa­gnée, durée d’apprentissage sur simulateur étendue, promotion du permis « boîte de vitesse automatique »: cette fois, la réforme du précieux sésame a vraiment démarré.

Début mai, le premier ministre Édouard Philippe avait annoncé une série de réformes visant à ré­duire les coûts et les délais d’obtention du permis de conduire. « En moyenne, passer le permis, c’est 1.800 euros et deux mois d’attente », avançait à l’époque le chef du gouvernement. Les trois premières mesures du plan sont entrées en vigueur le 22 juillet 2019. Plein phare sur ces nouveautés.

 

UN PERMIS ACCESSIBLE DÈS 17 ANS

C’est une petite révolution pour le permis de conduire. Les jeunes conducteurs qui ont choi­si « l’apprentissage anticipé de la conduite » (la fameuse « conduite accompagnée ») ont désor­mais la possibilité de passer l’épreuve pratique de leur examen dès leur dix-septième anniversaire. Auparavant, l’âge minimal requis était fixé à 17 ans et demi. De facto, les candidats gagnent six mois. Cette évolution est signifiée dans un arrêté publié le 19 juillet 2019 au Journal Officiel. La mesure concerne exclusivement les jeunes en conduite accompagnée qui pré­ tendent à obtenir un permis de conduire de ca­tégorie B (le permis auto). Elle vise avant tout à promouvoir l’apprentissage anticipé dans les au­ to-écoles traditionnelles, qui y voient « un signal positif face à la concurrence des plateformes en ligne ».

À noter que les candidats ayant opté pour la conduite accompagnée réussissent générale­ ment l’épreuve pratique du premier coup (74,5%, contre 57,7% en moyenne). Avec à la clé des éco­nomies : ils n’ont pas besoin de payer des heures supplémentaires pour retenter leur chance. Reste qu’un candidat qui passe l’épreuve pratique à 17 ans et la réussit doit toujours attendre sa majorité (18 ans) pour prendre seul le volant sur la route. Le ministère de l’Intérieur s’est, en effet, déclaré hostile, pour l’instant, à l’idée de ramener l’âge de la conduite sans accompagnement à 17 ans, comme le proposait le rapport de la députée du Gard François Dumas, présenté en février der­ nier. Conséquence :jusqu’à ses 18 ans, le nouveau conducteur doit continuer à conduire accompa­gné d’un adulte titulaire d’un permis B depuis au moins cinq ans sans interruption (sans retrait ni suspension).

 

RECOURS ACCRU AU SIMULATEUR DE CONDUITE

Dans son optique de réduire de 30% le prix du permis de conduire, le gouvernement a décidé d’augmenter la durée d’apprentissage sur simula­teur. Les candidats peuvent désormais s’entraîner pendant dix heures (contre cinq auparavant) sur cet outil avant de rouler en condition réelle avec un instructeur. Cela leur permet notamment d’appréhender des situations peu courantes, comme la conduite sur neige ou dans un trafic dense. Mais le simulateur s’avère aussi très utile pour l’ap­prentissage des manœuvres de stationnement.

Argument financier avancé par le gouvernement: « Sur une formation de trente heures, réaliser dix heures sur simulateur permet d’économiser envi­ron 135 euros ». Ces heures sont, en effet, factu­rées moins cher que celles de conduite dans une voiture. Mais cette méthode s’avère aussi moins onéreuse pour les écoles de conduite. Et pour cause : les heures passées derrière un simulateur n’incluent pas le prix du carburant, l’amortisse­ ment du véhicule ou encore les frais d’assurance. Pour inciter les auto-écoles qui ne sont pas encore équipées d’un simulateur (actuellement, entre la moitié et les deux-tiers ont sont dotés), le gouver­nement a promis la mise en place d’un mécanisme de sur amortissement.

 

INCITATION À LA CONDUITE SUR BOÎTE AUTOMATIQUE

La troisième mesure vise à favoriser l’apprentis­sage de la conduite sur un véhicule équipé d’une boîte de vitesses automatiques, sans pédale d’embrayage (c’est l’auto qui monte et rétro­grade les rapports seule, en totale autonomie). Le permis « boîte automatique » ne nécessite que treize heures minimum de formation (contre vingt heures pour le permis « boîte manuelle »).

De ce fait, ce mode d’apprentissage est moins cher. La grande nouveauté apportée depuis le 22 juillet 2019 réside dans le fait que le délai d’attente pour la conversion du permis, qui était jusque-là de six mois, n’est plus que de trois mois aujourd’hui. La mesure est spécifiée dans un autre arrêté, lui aussi publié dans le Journal Officiel daté du 19 juillet 2019. Attention : il faut toujours suivre une formation complémentaire de sept heures auprès d’une auto-école agréée pour convertir son sésame « boîte automatique » en « boîte manuelle ».

Au prix moyen de 45 euros l’heure de conduite, il faut donc prévoir a minima 315 euros en plus. À noter que la proportion des véhicules dotés de boîtes automatiques dans le parc automobile français affiche une constante augmentation: de 9% des véhicules neufs immatriculés en 2010, ils sont passés à 30% en 2017.

 

Les autres mesures pour un permis moins cher

Le plan de réforme du permis de conduire du gouvernement propose, au total, dix mesures. En dehors des trois premières, entrées en vi­gueur le 22juillet 2019, les sept autres sont :

  • La gratuité du code(formation et examen) pour les volontaires du Service national universel (SNU)
  • Favoriser l’accès à la conduite supervisée
  • Développer l’accès à la conduite encadrée
  • Moderniser l’épreuve pratique
  • La mise en place d’une plateforme gouverne­ mentale dédiée au choix de son auto-école
  • La création d’un livret de formation numé­rique pour suivre la progression du candidat
  • Adapter les questions du code de la route aux publics et aux enjeux de sécurité routière

 

 

Période probatoire, conduite des seniors, infractions routières à l’étranger : ça bouge là aussi

1/ UNE FORMATION POUR ACCÉLÉRER LE PERMIS PROBATOIRE

Depuis 2004, le permis de conduire est délivré, avec un capital initial de six points, au jeune conducteur ou au conducteur chevronné qui ré­cupère son permis après une annulation ou une invalidation. Pour obtenir le maximum de douze points, le conducteur est soumis pendant trois ans à une période probatoire (réduite à deux ans s’il a bénéficié d’une phase de conduite accompa­gnée). S’il ne commet aucune infraction durant ce laps de temps, son permis est majoré auto­matiquement chaque année de plusieurs points. Conformément à deux arrêtés publiés dans le Journal Officiel du 10mai 2019, les titulaires d’un per­ mis probatoire ont la possibilité de réduire le délai de la période probatoire. Sur la base du volontariat, ils suivent une formation complémentaire « post permis » d’une durée de sept heures. Cet appren­tissage théorique collectif doit se dérouler entre le sixième mois et la première année d’obtention du permis. Il a lieu dans l’une des 3.000 écoles de conduite françaises labellisées« école conduite qua­ lité» (identifiables grâce à un macaron jaune affiché sur leur devanture}. Le tarif est librement fixé par l’auto-école (il faut compter autour de 100 euros}. La période probatoire est ainsi réduite de trois à deux pour les conducteurs ayant suivi une for­mation traditionnelle au permis de conduire. Elle est raccourcie à dix-huit mois après une conduite accompagnée.

2/ PAS DE TEST D’APTITUDE À LA CONDUITE POUR LES SENIORS

Ces derniers mois, plusieurs accidents de la route occasionnés par des personnes âgées ont relancé le débat sur la capacité des seniors à conduire. La France demeure l’un des seuls pays européens à ne pas avoir instauré un examen médical ou un contrôle de la conduite périodique obligatoire à partir de 70 ans. Mettant en avant le peu d’efficaci­té constaté par des études du contrôle médical des seniors, le gouvernement a réfuté la mise en place d’un contrôle médical particulier pour les conduc­teurs les plus âgés.

3/ DEUX NOUVEAUX PAYS TRANSMETTENT LES AMENDES À LA FRANCE

Le 24 juin dernier, l’Irlande et la Suède ont intégré la liste des pays européens (dix-neuf désormais) qui échangent avec la France les informations en matière d’infractions routières. Les conduc­teurs tricolores en infraction sur les routes suédoises et irlandaises peuvent maintenant être sanctionnés par les autorités de ces pays. Inversement, les ressortissants de ces pays qui commettent des délits routiers relevés par radar sur le territoire français peuvent également être poursuivis.

 
Article issu du Mag 3AO n°46 d’Août 2019