Pouvoir d’achat : les retraites de moins en moins suffisantes

Avec un déficit du système des retraites qui explose à cause de la Covid-19, les sous-indexa­tions, voire les revalorisations nulles comme c’est le cas pour les pensions Agirc-Arrco depuis ce 1er novembre, devraient se multiplier dans les années venir. Dans ces conditions, il est plus que jamais judicieux de se constituer un revenu de complément pour la retraite.

Cette année encore, les retraites complémen­taires des salariés du secteur privé ne sont pas revalorisées. Le 1er novembre 2020, la valeur de service du point Agirc-Arrco a été maintenue 1,2714 euro. À cause de l’épidémie de corona­ virus, le régime de retraite complémentaire a perçu 7 milliards d’euros de cotisations de moins que prévu et se retrouve, de nouveau, en déficit, alors qu’il avait enregistré un bénéficie de 1 mil­liard d’euros en 2019. Les partenaires sociaux, qui gèrent l’Agirc-Arrco, ont donc décidé de geler les pensions complémentaires jusqu’au 1er no­vembre 2021, date de la prochaine revalorisation annuelle.

Cette indexation nulle va peser sur le pouvoir d’achat des retraités, sachant  que  la  hausse des prix la consommation (hors tabac) devrait atteindre 0,4% en 2021, selon le rapport de la Commission des comptes de la Sécurité sociale (CCSS). Certes, les retraites de base vont, elles, être alignées sur l’inflation l’an prochain. L’information a été confirmée par Olivier Dussopt, le ministre délégué aux Comptes publics, lors de la présentation la presse le 29 septembre 2020 du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2021.

 

DES REVALORISATIONS NULLES OU FAIBLES

La promesse d’Emmanuel Macron est donc, pour l’ins­tant, tenue. À la suite du mouvement de contestation des Gilets jaunes, le chef de l’État avait assuré que les retraites de base seraient indexées sur la hausse des prix en 2021 et en 2022. Cette annonce est venue cal­mer le mécontentement des retraités, qui avaient subi deux désindexations des pensions de base depuis le début du quinquennat.

Reste qu’avec l’absence de revalorisation des retraites complémentaires, les salariés retraités vont quand même voir leur pouvoir d’achat  baisser  dans  les douze prochains mois. Les pensions Agirc­-Arrco représentent, en effet, 30% de la retraite glo­bale d’un non-cadre et jusqu’à 60% de celle d’un cadre.  Cette  sous-indexation s’ajoute celles de 2013, 2014, 2015, 2016, 2017, 2018 et, donc, 2020. Ce fut également le cas en 2014, 2015, 2018, 2019 et 2020 pour les retraites de base.

 

BAISSE DU NIVEAU DE VIE

Autant de désindexations successives qui font mal au portefeuille. À court terme, puisque les retraites ne suivent pas l’augmentation des prix. Mais éga­lement long terme, puisque ce manque gagner n’est jamais rattrapé dans le temps. Ce sont d’ail­ leurs les sous-revalorisations répétées des pen­ sions de vieillesse instaurées ces dernières années qui expliquent notamment la baisse du niveau de vie des retraités, constatée par le Conseil d’orien­tation des retraites (COR) dans un rapport publié le 17 avril 2019.

Et le scénario d’une moindre ou de l’absence d’in­dexation des pensions devrait se répéter dans les années à venir. Sous l’effet de la crise sani­taire et économique engendrée par le Covid-19, qui s’ajoute au vieillissement de la population, le déficit du système français des retraites devrait dé­ passer 25 milliards d’euros, selon les projections du COR dévoilées le 15 octobre 2020. Du jamais vu ! Les régimes obligatoires vont donc être contraints de faire des économies.

 

LA « PIERRE » POUR PRÉPARER SES VIEUX JOURS

D’où l’importance, plus que jamais, de préparer financièrement sa retraite. L:’acquisition de la résidence principale est une réponse, puisque l’accès­ sion la propriété évite de devoir payer des loyers la retraite. Une fois le crédit immobilier remboursé, le retraité n’aura plus qu’à régler la taxe foncière, les factures (eau, gaz, électricité, assurance…) et les travaux d’entretien et de rénovation du logement.

Ce dernier poste de charge ne doit pas être sous-estimé. Le retraité a, en effet, intérêt garder son habitation en bon état s’il souhaite vendre, dans de bonnes conditions, son bien immobilier pour financer les futures dépenses liées à son éventuelle perte d’autonomie, que ce soit des services d’aides à domicile (ménage, livraison des repas…) ou un placement en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépen­dantes (Ehpad).

La pierre pour préparer ses vieux jours

L’immobilier locatif peut également être judicieux. Les loyers viendront utilement compléter les retraites. Un tel investissement peut même permettre de réduire son impôt sur le revenu. Le dispositif Pinel permet de bénéfi­cier d’une déduction fiscale, condition que le logement soit neuf et loué pendant une certaine durée (6, 9 ou 12 ans), comme résidence principale à un locataire aux reve­nus modestes et à un loyer plafonné.

Des critères contraignants, pas toujours faciles respec­ter. D’une manière générale, il faut avoir en tête que les revenus fonciers sont imposés et que la rentabilité d’un investissement locatif peut être fortement érodée en cas de vacance locative ou d’impayés de loyers.

« Pour prendre date fiscalement, il est conseillé de souscrire une assurance vie assez tôt ».

 

LE RECOURS À L’ASSURANCE VIE

Souscrire un contrat d’assurance vie constitue un bon moyen de préparer sa retraite. À l’inverse du  Livret A, il n’est pas plafonné. Il rapporte davantage que le livret réglementé – dont la rémunération est fixée 0,5% -, a fortiori si le contrat comprend, côté du fonds en euros, des unités de compte (UQ. Investies principalement en actions, les UC profitent du dynamisme des marchés financiers. S’il est potentiellement rémunérateur, ce sup­port d’investissement est également risqué : le capital (le cumul des versements) n’est pas garanti par l’assureur, contrairement au fonds euros.

Il est conseillé d’ouvrir une assurance vie assez tôt pour prendre  date fiscalement. À partir de huit ans de dé­tention, les gains issus des rachats sont exonérés d’im­pôt, à hauteur de 4.600 euros par an pour un célibataire ou de 9.200 euros par an pour un couple marié ou pacsé déclarant en commun ses revenus à l’administration fiscale. Au-delà de ces abattements, les intérêts et plus-values sont imposés 7,5%, contre 12,8% pour ceux des contrats souscrits depuis moins de huit ans.

Le recours à l'assurance vie

L’épargnant peut programmer des rachats partiels compter de son départ à la retraite, lui permet­ tant ainsi de percevoir un capital régulier une fois qu’il aura quitté la vie professionnelle.

 

LA STRATÉGIE PAYANTE DU PER

Comme son nom l’indique, l’épargne retraite est conçue pour financer ses vieux jours. Le plan d’épargne retraite (PER), qui remplace tous les pro­duits d’épargne retraite depuis le 1er octobre dernier, propose une sortie en capital (versé en une ou plu­ sieurs fois), en rentes viagères (une somme servie ré­gulièrement jusqu’au décès) ou la fois en capital et en rentes. Si les fonds sont normalement bloqués jusqu’au départ la retraite, ils peuvent être récupé­rés en cas de coup dur (décès du conjoint, invalidité, surendettement, fin des allocations chômage…) ou pour l’achat de la résidence principale. Ce dernier dé­blocage anticipé n’étant pas réservé aux primo-accé­dants, il peut être utilisé pour changer d’habitation.

Surtout, le PER permet la déduction des versements volontaires du revenu imposable, dans une certaine limite (*). Cet avantage fiscal est particulièrement in­téressant puisque le souscripteur est normalement en activité, soit le moment dans la vie où l’on est le plus imposé. Cette économie d’impôt peut être utili­sée pour alimenter son PER et accroître, de cette ma­nière, sa déduction fiscale. Une stratégie payante, que les retraites obligatoires soient ou non revalorisées…

(*) À hauteur de 1096 du plafond annuel de la Sécurité sociale (Pass) de l’année N-1 (l’année précédente) ou, si la formule est plus avantageuse, à hauteur de 1096 des reve­nus professionnels de l’année N-1 dans la limite de huit fois le Pass de l’année N-1. Pour les travailleurs non-salariés (artisans, commerçants, chefs d’entreprise, professions libérales), le plafond d’épargne retraite est porté à 1096 du Pass de l’année N (l’année en cours) ou 1096 des béné­fices imposables de l’année N dans la limite de huit fois le Pass de l’année N, majorés de 1596 de la fraction des bénéfices compris entre un et huit Pass de l’année N.

 

Article issu du Mag 3AO n°61 de novembre 2020